Alexis Gallissaires est dessinateur et écrivain.
Né en 1980, vit et travaille à Perpignan.
Diplômé de l’Ecole des Beaux-arts de Perpignan (2008)
" Je suis né pendant l’hiver, à Perpignan, en 1980. Comme beaucoup, je dessinais beaucoup étant enfant. Après mon bac j’ai brièvement étudié la biologie. J’ai repris le dessin au cours de ces études. Je n’ai dès lors plus jamais cessé de dessiner.
En 2003, je suis rentré aux beaux-arts de Perpignan.
En janvier 2005, j’ai illustré le second roman d’Oliver Rohe « Terrain vague » paru aux éditions Allia. Un peu plus tard, j’ai commencé à gribouiller sur un carnet. Alors que je dessinais, j’écrivais aussi. Les mots et les images se sont emmêlés de sorte que je ne sais plus si je dessinais les mots ou si j’écrivais les dessins.
J’avais 26 ans lorsque mon premier roman illustré « Jimmy » est paru aux éditions Allia. Deux ans plus tard, en 2008, j’étais diplômé des beaux-arts. Mon frère, ma soeur et moi avons été élevés par ma mère et ma grand-mère. Toutes deux, nous ont chéris et aimés inconditionnellement.
En 2009, ma grand-mère est décédée. Curieusement, alors que je souffrais sa disparition, j'ai aussi compris que la mort n'existait pas vraiment. Que c'était pour les autres, la mort. Ceux qui n'avaient pas aimé. Mon dessin a complètement changé. Presque sans moi. Sans mon intelligence en tout cas. Il est devenu organique. Moins solitaire. En y repensant je crois qu'il s’est inscrit dans une généalogie. Un genre de filiation ou plutôt une hérédité. Il s’est identifié à la terre peut-être. Je ne sais pas. Je suis certain en revanche qu'il s'est affirmé comme la part d’une boucle. Une matière « blastée » jusqu’à moi et, après moi, toujours ressuscitée. L'éternel reliquat d'une explosion primordiale, qu’ici et maintenant, nous creusons ou entassons, selon.
J'ai dessiné plus encore. Je voulais montrer cette structure. Essayer de la décrire aussi. Pendant 4 ans, j’ai dessiné sur des bandes de papier. Je voulais qu'elles soient l'inconscient du texte que j'écrivais en même temps. De même, les mots devaient être les rêves ou les cauchemars de mes dessins. L’oeuvre est une frise de 25 mètres entièrement dessinée. L’histoire y est inscrite au sein d'alcôves, de grottes, retranchées à la chair des visions allongées sur le papier. L’objet final est un livre accordéon, dit Leporello, de 16,10 mètres, paru en Mars 2018 aux éditions allia. L'ouvrage a été pensé comme une boucle. Je tenais à ce qu'il en adopte la forme, que dans le corps jamais brisé d'un serpent qui se mord la queue, cette histoire soit pour toujours radotée.
A ce jour, mon travail est encore le résultat de cette même mécanique. De ce même bégaiement. Mes dessins sont des tourbillons de boucles grises. Un seul fil emmêlé en d'autres formes. Un tricot de sauvageries. Celles de nos ventres. Juste des figures qu'on ne sait pas dire autrement. Les mots existent en eux, ils existeront toujours puisque mes dessins sont les mots que je ne sais pas écrire".