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PAROLES D'ARTISTES 

Un artiste, le confinement, une question.  

Depuis son atelier parisien, le dessinateur Tudi Deligne nous parle du confinement.

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Sans titre, 2020, encre et crayon de couleur sur papier, 25x25 cm

INTERVIEW DE TUDI DELIGNE - 3/05/2020

« Que ce soit en répétition dans des studios obscures pendant des heures, des jours, ou à ma table à dessin pendant des semaines, je suis habitué à travailler et rester profondément concentré dans la longueur, le silence et la solitude.

Alors vraiment, je ne vais pas prétendre que le confinement modifie fondamentalement mon mode de vie. C’est plutôt l’architecture intérieure, mentale et émotionnelle qui se modifie. Car si je n’ai aucun intérêt à « exprimer » quoique ce soit au sujet de cette pandémie elle-même, la façon dont elle a court-circuité toute projection, tout futur proche, toutes les représentations que l’on se fait de l’avenir, impacte nécessairement la façon dont j’organise mon travail. Les expositions annulées, les publications en suspens, les voyages reportés, aussi problématiques qu'ils soient pour ce qu’ils fragilisent ma situation, apportent paradoxalement une certaine libération. Le suspend de ce que l’on croit devoir s’imposer, à des fins de survie, le plus souvent. De toutes les responsabilités que l’on se donne au quotidien. Celle de produire un certain type d’œuvre pour telle exposition, d’orienter son travail en fonction des opportunités, puisque momentanément, il n’y a tout simplement plus d’opportunités. Suspend des déclarations, contrôles de situation et autres corvées administratives de surveillances. Suspend du rapport social. Plus rien. Plus rien que du temps. Le désir plus subordonné qu’à lui-même. Alors ce temps je le consacre à faire des expérimentations que je m’autorise rarement, travaux graphiques, encre, pinceaux, couleur… Tout un tas de petits bidouillages un peu hasardeux, un peu bancals, d’ordinaire interdits par la nécessité de survivre et la temporalité qu’elle impose. Bien sûr, la liberté n’est pas garante de qualité artistique, au contraire même, mais chaque petite tentative, chaque petit échec, nourrit souvent plus les dessins à venir que la nécessité de la réussite. »

 

« Paroles d’artistes », Tudi Deligne, propos recueillis par Mariska Hammoudi

Tudi Deligne
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